Quelqu’un pour veiller sur moi

De Frank McGuinness

Frank McGuinness nous raconte d’abord l’histoire de deux personnages : Adam, l’Américain, qui est dans la geôle depuis environ quatre mois, et Edward, l’Irlandais, qui y est depuis deux mois environ. Ils ne parlent pas de leur malheur mais de femmes, de sexe, de bière… et ils rient même. Bref, ils fuient l’ennui.
Un troisième locataire nous est présenté. Michael, un Anglais, qui ne comprend pas du tout ce qu’il fait ici, puisqu’il était au marché pour acheter des poires pour… Nous suivons alors le quotidien de nos trois personnages qui vont devoir se supporter les uns les autres, rattraper celui ou ceux qui faibliront et se laisseront tomber dans les méandres de leur situation. Grâce à un Adam pragmatique, un Edward divertissant, grande gueule, trop parfois, et un Michael sensible et touchant, ils réussissent tant bien que mal. Ils veillent les uns sur les autres.
Mais dans le dernier quart, Adam n’est plus là. Il a été emmené par les geôliers pour… mourir, Edward en est sûr. Michael, jusque-là porté par les deux autres, se retrouve dans l’obligation de soutenir un Edward qui n’a jamais été aussi proche du désespoir.
Puis, arrive ce moment, aussi beau qu’affreux. Edward, libéré de sa chaine s’habille. Il se prépare devant un Michael qui, malgré tout, garde la face devant son ami. Edward est libéré, et Michael sera désormais seul.
Qui veillera alors sur lui…

Note D’intention

L’humour, combattant le drame, au service de l’émotion.
Dans l’oeuvre de Frank McGuinness, nous découvrons deux, puis trois hommes enchaînés dans ce que l’on comprend comme étant une geôle. L’oeuvre nous plongent dans un quotidien à la fois anxiogène, drôle et touchant.
L’angoisse provient d’abord de la situation effroyable dans laquelle se trouvent les personnages. Cette attente perpétuelle, sans autre distraction qu’un Coran, une Bible, une bouteille d’eau, et bien sûr… leurs chaînes, crée une tension constante. Comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes, prête à tomber à tout moment. Qui sera touché en premier ? L’Anglais, l’Irlandais ou l’Américain ? Les geôliers ne sont jamais visibles, et la mise en scène conservera cette pudeur inhérente à la pièce, renforçant ainsi son aspect angoissant.
Toutefois, l’humour trouve aussi sa place dans cette tragédie. Grâce aux personnages, qui, pour échapper à la conscience de cette épée de Damoclès, dialoguent, se taquinent, se dévoilent, se vexent et partagent des délires communs. Ils cherchent à briser la routine dans cet espace confiné, où la seule intimité est de contempler un mur.

L’équipe

Mise en scène : Alex Dey
Interprétation : Alex Dey, Taddeo Ravassard, Adam Karoutchi

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